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Retour au pays de Mandela

13 janvier 2010

C'est reparti!

Nous avons quitté ce pays il y a plus d'un an et demi. Après avoir passé deux années à découvrir l'Afrique du Sud, à essayer de la comprendre, nous sommes repartis enrichis d'expériences à la fois difficiles et réjouissantes, et surtout, convaincus que la nation arc-en-ciel avait beaucoup à nous apprendre.

Nous repartons donc pour 3 mois cette fois-ci, pour un tour d'Afrique du Sud, à la rencontre de ses différents peuples. Nous avons envie de comprendre comment ils vivent le quotidien après un passé si difficile, et comment ils conçoivent le vivre-ensemble dans ce pays multiculturel. Les témoignages que nous récolterons seront ensuite à la disposition des Français que cela intéresse, sur un site, mais aussi sous la forme d'outils pédagogiques pour les enseignants.

Pour mener à bien ce projet, nous avons créé une association. Elle s'appelle "Ubumi" et signifie "citoyenneté" en Xhosa. N'hésitez pas à la soutenir gratuitement en effectutant vos recherches sur veosearch! Il vous suffit d'y créer votre profil et de choisir Ubumi dans les associations que vous souhaitez soutenir. Ensuite, vous utilisez veosearch comme tous les autres moteurs de recherche.

A bientôt, sur un prochain blog décié à ce projet!

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1 novembre 2008

AFRIQUE DU SUD : le schéma national de ce qui nous attend à l’échelle internationale

L'état de la société en Afrique du Sud me semble être la parabole du futur état du monde.

Tout comme les blancs sud-africains avec les populations non-blanches de leur pays, les pays développés ont, certes pas exclusivement, mais tout de même dans une proportion assez conséquente, assuré leur prospérité aux dépends des pays du Sud, grâce à l’exploitation de leurs ressources et de leurs peuples.

A l’instar des riches Sud-Africains aujourd’hui, qui vivent dans de belles maisons barricadées avec doubles portes de sécurité, alarmes perfectionnées et police privée, nous avons, nous aussi, créé nos barricades protégeant notre confort grâce à la forteresse anti-immigration de l’Union Européenne.

Mais de même que ces barricades n’empêchent pas les Sud-Africains les plus nécessiteux de s’introduire par effraction chez les plus riches, les nôtres n’empêchent pas l’immigration clandestine, due à la misère croissante des pays du Sud, notamment d’Afrique, voulue par l’ordre économique actuel (subventions économiques chez les pays développés, et interdiction aux pays africains de faire de même selon les règles dictées par la Banque Mondiale et le Fond Monétaire International). Le sentiment d’injustice est palpable dans les pays du Sud et ne va faire que s’aggraver avec la crise alimentaire actuelle.

L’exploitation ne profite aux exploiteurs qu’à court terme.

L’Union Européenne aura beau rendre les règles d’entrée dans l’espace Schengen plus restrictives, tant qu’elle n’acceptera pas de changer notamment sa politique agricole de dumping, elle n’empêchera pas les victimes des injustices qu’elle génère de chercher asile chez elle, là où la vie n’est plus de la survie.

Et si la guerre que ses victimes lui déclarent n’est pas officialisée, nous la vivrons tout de même au quotidien, comme les Sud-Africains, toutes classes confondues, subissent braquages de voiture à main armée, vols, viols, meurtres, etc.
« La nation arc-en-ciel n’est-elle pas déchirée par une guerre civile qui ne dit pas son nom ? L’Afrique du Sud est le pays le plus violent du globe. Depuis 1994, 20000 personnes y sont assassinées en moyenne par année, près de 15000 braquages de voiture à main armée s’y produisent (…). Tout est cadenassé, chacun est barricadé, dans les townships pauvres comme dans les quartiers cossus. (…) Une armée privée – plus de 200000 employés de quelques 4000 sociétés de sécurité, dont (…) 700 de « réponse armée » à des systèmes d’alarme électronique (…) veillent sur la sécurité de ceux qui peuvent se l’offrir. » Stephen Smith, Négrologie (ed. Pluriel ; 243p)

Tout comme l’Afrique du Sud où l’injustice sociale est flagrante, les pays riches subiront les résultats de cette injustice : la peur constante de la vengeance de leurs victimes pour le moins, terrorisme et guerres civiles plus probablement, dues à la pression sur les ressources, résultante de l’immigration des peuples du Sud vers le Nord, en raison de la pauvreté grandissante dans leur pays, que nos politiques internationales entretiennent.

13 août 2008

Conseils aux visiteurs longue durée

Téléchargez la fiche conseils

(pour l'instant en anglais seulement)

15 juillet 2008

African foreigners in South Africa : from obvious tensions to shameful violence

In 2005, while I was studying in a little South African town, I could already notice some tensions towards foreign students: several times cars matriculated from Zimbabwe were damaged within the campus! I couldn’t understand why people who are educated would commit racist crimes. A Zimbabwean friend explained to me that he felt resented by his black South African classmates, as most Zimbabwean students got the best marks. Indeed, Zimbabwe used to have the best school system in Africa, and most Zimbabweans are very well educated and speak excellent English, whereas black South Africans have been kept undereducated during the apartheid regime until 1994.

2 years later, I’m back in SA, in Cape Town. The first thing I noticed was that there were lots of foreigners in this city! Almost every time I was in the train, reading Francophone magazines, my neighbour would read it with me, as there as many Congolese refugees in SA. Thousands of Mozambicans, Somalians, Malawians, Zimbabweans, Congolese, etc. found asylum in SA, escaping from famine, war, political oppression or poverty.

Many Mozambicans would work in the mines, most Somalians would run businesses, most Congolese would be car watchers. Many of them were well educated and were looking for better jobs, but in order to survive, would accept any job at any salary.

And this is part of the problem. They are now accused by black South Africans of stealing their jobs and of keeping salaries low by accepting to work at any cost. With 40% of unemployment (officially 25%), South Africa struggles to alleviate poverty, and the low education standards of many black South Africans (which are the results of the apartheid regime) represent a big obstacle to the improvement of the situation.

So, when food prices increased, and many families weren’t able to eat enough, what had so far been “somehow tolerated” became unbearable, and some hungry, angry, desperate people went as far as beating, burning, killing foreigners (apartheid taught them well…), looting their shops, kicking them away from their communities. As a result, almost all foreigners escaped and refugee camps were created.

I volunteered and visited some refugees in Soetwater refugee camp a few times before my voluntary service was over. They were shocked, desperate, living in poor conditions, between a rock and a hard place: they couldn’t go back home, but couldn’t go back to their communities either, it would have been too dangerous.

At the time I am writing, almost 2 months later, the situation is the same for them. The UN finally intervened (after Mbeki’s denial of the crisis situation…), but what they provided is apparently still not enough to comply with Human rights of refugees.

What just happened in SA, is for me what is soon going to happen to us (Europeans) if we carry on leading unfair economical and political rules. For instance, if we carry on providing low price food thanks to our agricultural subsidies and at the same time forbid African states to subsidize their own agriculture, we’ll just kill their economies, leading many people to seek for asylum in rich countries. But when resources and employment will become scarce, as it is starting now, the same kind of violence against foreigners is doomed to happen in our - so far - peaceful societies.

If the rules were fair for all countries in the world, international aid would be much less needed, and much less Africans would need to look for asylum in other countries.

29 mai 2008

Caricature parue dans Courrier International (29 mai 2008)

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29 mai 2008

Article paru le 25 mai 2008 dans Jeune Afrique

L'Afrique du Sud sur un fil...

Les images sont proprement terrifiantes. Au pays de Nelson Mandela, dans l'une des rares grandes démocraties africaines, les pauvres du ghetto tuent les pauvres venus d'ailleurs, les immigrés « illégaux », des Zimbabwéens, des Mozambicains, des Malawites… En Afrique du Sud, des frères tuent des frères.
Près de 50 morts en deux semaines. Plus de 15 000 déplacés, une police débordée et un État impuissant qui fait appel à l'armée pour rétablir l'ordre. Des images d'un autre temps, qui rappellent les scènes de guerre civile qui avaient ensanglanté les townships au milieu des années 1990. On interpelle l'Afrique du Sud, et on lui rappelle que pendant de nombreuses années les Sud-Africains ont pu vivre, exilés et protégés, un peu partout sur le continent. À Pretoria, le pouvoir finissant et affaibli de Thabo Mbeki appelle au calme, sans succès. La Coupe du monde de football, c'est dans deux ans, mais aujourd'hui les machettes sont de sortie et l'horreur est là…
Les « étrangers » sont accusés de tous les maux, mais le fond de l'affaire est tragiquement économique. Les Zimbabwéens, qui constituent la grande majorité des immigrés, sont beaucoup plus éduqués que les miséreux des townships. Ils ont quitté leur pays pour cause de faillite économique, mais ce ne sont pas des analphabètes. Ils trouvent plus facilement du travail, ils trouvent plus facilement à se loger, ils payent leur loyer. Et ils provoquent la haine d'une population sans espoir, emprisonnée dans les ghettos, condamnée par l'apartheid, par l'Histoire et l'économie libérale…
Il y a quelque chose de dangereusement instable en Afrique du Sud. En arrivant à l'aéroport, ce qui frappe d'abord, c'est les travaux pour la Coupe du monde, les marteaux-piqueurs, les bataillons d'ouvriers… Ce qui frappe, c'est la lecture d'un entrefilet qui raconte que pour la première fois depuis des années on observe un mouvement de retour des Blancs. Ce qui frappe, c'est l'émergence d'un grand capital black avec ses milliardaires, et la middle-class qui va avec. Ce qui frappe, c'est Soweto devenu presque une ville comme les autres avec ses centres commerciaux et ses touristes.
Mais ce qui frappe aussi, c'est la violence presque consubstantielle à la société sud-africaine, « l'hyper-criminalité » sanglante qui s'étale complaisamment à la une des journaux. Ce qui frappe encore, c'est la marginalisation inéluctable et dangereuse de la « sous-classe prolétarienne » désespérée et brutale. Ce qui frappe enfin, c'est la sensation de délitement du politique. La corruption des élites est une réalité, illustrée en particulier par les scandales liés à l'armement. L'ANC s'est affaiblie et le parti est largement gouverné par la base, par la masse, comme l'a prouvé d'ailleurs l'élection du très contesté mais très populaire Jacob Zuma. Les gouvernements locaux sont souvent faibles, gangrenés, dit-on, par le favoritisme. Aucune opposition constructive n'a émergé depuis la chute de l'apartheid. On parle d'une résurgence des nationalismes ethniques, en particulier zoulou. Et d'un réveil encore limité mais inquiétant de l'extrême droite blanche.
À quelques mois d'un événement planétaire, l'Afrique du Sud, géant fragile, paraît tanguer comme sur un fil.

29 mai 2008

Article paru le 25 mai 2008 dans Jeune Afrique

Madiba, réveille-toi
 

RARES SONT LES ÉTATS AFRICAINS qui n'ont pas, à un moment ou à un autre, été touchés par le virus de la xénophobie. Mais quand ce cancer ronge des pays qui ont fait de la fraternité panafricaine un fonds de commerce – la Libye, par exemple – ou défigure l'image exemplaire d'une nation Arc-en- Ciel, cela choque et cela blesse. Avec les pogroms anti-immigrés de ce mois de mai, l'Afrique du Sud a connu ses pires violences depuis la fin de l'apartheid (voir pp. 36-38) et le monde découvre avec effarement une réalité qui n'est pas sans rappeler celle des villages Potemkine de la Russie tsariste. Le sourire de l'icône Mandela, le luxe tapageur de la nouvelle bourgeoisie noire et les débats policés de la plus grande démocratie du continent cachent des inégalités sociales abyssales et un déficit absolu de redistribution d'une croissance pourtant robuste. Pour l'armée des pauvres, des chômeurs, des gangs tout droit sortis du film Mon nom est Tsotsi, pour tous les naufragés du rêve sud-africain, et les frustrés de l'égalitarisme prôné par l'ANC, l'ennemi c'est le frère étranger, le Zimbabwéen, le Mozambicain, le Malawite, le Congolais, le Nigérian, voleurs d'emplois pour un salaire de misère, criminels en puissance, corrupteurs de fonctionnaires et accapareurs d'aides sociales indues. Autant de clichés, autant d'ingrédients d'un baril de poudre auquel une étincelle – une manifestation contre la vie chère qui dégénère, dans le township d'Alexandra – suffit pour exploser.

Pour un pays qui s'apprête à accueillir dans deux ans la Coupe du monde de football et qui tire du tourisme 8 % de ses revenus, ce brusque rappel que, en dépit de sa victoire exemplaire contre le racisme blanc il n'est pas pour autant plus tolérant que les autres, est un coup plutôt rude. D'autant que les scènes de chasse à l'homme dont sont victimes les immigrés venus de l'autre rive du Limpopo dévoilent une évidence qu'il n'est peut-être pas politiquement correct d'énoncer mais qu'il ne sert à rien de nier: la majorité des Sud-Africains, noirs et blancs confondus, se considèrent comme différents des autres Africains, à part et souvent supérieurs. Ce constat est un constat d'échec pour les dirigeants de l'ANC, dont la politique d'immigration n'a jamais trouvé son équilibre entre les barbelés aux frontières et l'expression, à l'égard des voisins, d'un devoir de solidarité dont eux-mêmes ont bénéficié à l'époque de la lutte contre l'apartheid. Échec aussi pour un Thabo Mbeki en fin de cycle et qui a semblé aussi déconnecté de la réalité pendant cette épreuve qu'il ne l'est à propos du Zimbabwe (les deux crises sont d'ailleurs liées). Déception et étonnement enfin, à l'heure où ces lignes sont écrites, de ne pas avoir entendu Nelson Mandela joindre sa voix à celle de Desmond Tutu pour rappeler à la raison le peuple des townships. Madiba, réveille-toi!

24 mai 2008

Caricature de Zapiro du 23 mai 2008

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7 mai 2008

A VOIR ABSOLUMENT!

Classified people

De Yolande Zauberman - 1988, 60’

Illust:
CLASSIFIED PEOPLE (...), 86.2 ko, 200x201

Tourné clandestinement en Afrique du Sud, ce film dénonce les déchirures sociales et affectives engendrées par l’Apartheid. En 1948, la vie de Robert qui se croyait blanc, bascule. Il est « classé » métis, sa femme et ses enfants ’restés blancs’ le renient. Il refait sa vie avec Doris qui est noire et c’est ensemble qu’ils nous racontent, avec humour et complicité, leur histoire pourtant tragique. Elle illustre l’absurdité et la cruauté du système de classification qui repose sur la couleur de peau, mais aussi sur des critères économiques et sociaux.

On a adoré; vous aussi, j'en suis sûre!

7 mai 2008

Mugabe: j'y suis, j'y reste

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Caricature de Zapiro, dans le Mail and Guardian du 30 avril 2008

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